Demandeur d’asile à Paris, l’ancien vendeur d’accessoires de téléphones au carrefour de la Riviera 2 a vécu une aventure héroïque qui s’est transformée en cauchemar. Sa soudaine popularité suite à son acte de bravoure (il a sauvé des habitants d’un immeuble en feu) lui a valu la perte de son emploi. Agent d’entretien pour le compte de l’entreprise de ESSI qui assure le nettoyage de certains immeuble de le RIVIP (Régie Immobilière de la Ville de Paris), Djaléga Gnahoré a été licencié par son employeur qui a découvert dans l’actualité qui relayait ses exploits, qu’il ne disposait pas de titre de séjour. Perdre son emploi pour avoir sauvé des vies ? Une triste réalité qu’il nous raconte dans cet entretien.
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Racontez nous cette journée du 11 juin 2020 au 134 boulevard brune là où vous travaillez ?
Comme tous les matins à la prise de mon service, je sortais les poubelles quand j’ai vu la fumée qui s’échappait du deuxième étage. Je me suis mis à crier pour inciter les locataires à sortir. Les pompiers tardaient, les flammes augmentaient et je me suis mis à toquer à toutes les portes en traversant les parties communes noircies par la fumée. C’est en ce moment que j’aperçois une dame qui brûlait devant sa porte. J’ai enlevé mon tee-shirt pour éteindre les flammes de ses cheveux en feu, je l’ai prise et je l’ai sortie en traversant les flammes au milieu des locataires tentaient aussi de se frayer un chemin à travers les flammes. Une fois dehors je voulais aller sauver d’autres personnes et les pompiers sont arrivés et ont commencé à éteindre les feux. Le lendemain le capitaine des pompiers est venu me remercier.
Aviez-vous conscience du danger en bravant les flammes de cette manière ?
Franchement je n’ai pas fait de tels calculs, je n’ai pas pensé à ma sécurité. Je m’inquiétais plutôt pour ces personnes que le feu pouvait tuer. Une voix me disait reste pas là, les bras croisés fait quelque chose. .
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Votre situation administrative irrégulière vous a t-elle motivé à jouer les héros pour régler votre problème de titre de séjour ?
…. (Sourire)….j’ai lu ces choses sur les réseaux sociaux de la part des Ivoiriens. Je me suis rendu compte de la méchanceté de certains de mes compatriotes. C’est ma nature d’être toujours prêt à me sacrifier pour les autres. Toutes les personnes qui se souviennent de moi au rond point de la Riviera 2 vous le confirmeront. C’est moi qui défendait mes amis, contre les agresseurs ou les policiers véreux qui nous empêchaient de gagner notre pain. Je me suis toujours battu pour les autres. Les gens peuvent continuer de raconter ce qu’ils veulent. Ça m’a fait mal parce que ce sont des Ivoiriens qui le racontaient sur les réseaux. J’ai eu vraiment mal à cause de leur manque de soutien.
La médiatisation en France de votre acte héroïque a fait découvrir à votre employeur que vous êtes « sans papier ». De ce fait il vous a licencié. N’avez vous pas pensé à cet aspect en vous engageant dans cette aventure ?
Franchement quand on veut aider quelqu’un qui est entre la vie et la mort on ne réfléchit pas. La seule chose que tu as en tête est de sauver une vie. C’est après que ça m’est tombé la dessus. C’est vrai mon ancien employeur m’a licencié faute de titre de séjour. Par la grâce de Dieu, la Mairie de Paris m’a engagé dans la même fonction. Dieu n’abandonnera jamais quelqu’un qui rend service..…
La mairie de Paris a régularisé votre situation ?
Non ma situation n’est pas régularisée. C’est un coup de main que la Mairie me donne le temps que je régularise ma situation.
Mais cette période transitoire ne sera pas éternelle, que faites-vous pour votre régularisation ?
Je continue de mener mes démarches comme je le faisais avant cette histoire. Je ne veux pas frapper à toutes les portes pour régler mon problème parce que les gens diront que j’ai posé mon acte à cause des « papiers ». Je mène donc ma vie comme autrefois. Je mets tout cela dans la main de Dieu d’autant plus que mes propres frères Ivoiriens au lieu de parler de mon acte de bravoure, se moquent de moi. Mon Dieu seul sait les raisons de mon action et c’est lui qui a le dernier mot.
Vous avez tout de même été reçu pas l’Ambassadeur de la Côte d’Ivoire à Paris. Vous avez donc le soutien officiel de l’Etat de Côte d’Ivoire. De quoi avez-vous parlé ?
Son Excellence Maurice Bandama m’a reçu chez lui, il m’a félicité pour mon acte de bravoure et m’a signifié que le Président de la République de Côte d’Ivoire était informé de ce que j’ai fait et m’a souligné que le pays est fier de moi.
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C’est quoi la suite en terme de projet ?
Les projets ? Ils bouillonnent dans mon cerveau mais la priorité c’est ma régularisation et le reste viendra.
Aujourd’hui tout le monde entier sait que vous êtes un « sans papier » en France notamment la police. N’avez-vous pas peur d’un simple contrôle de police ou d’un rapatriement ?
Non je n’ai pas peur, ce sont des choses qui peuvent arriver à n’importe qui. Si c’est le destin que la volonté de Dieu soit faite. Je n’ai jamais peur de quoi que ce soit dans ma vie. Même en venant à l’aventure on prend de gros risques. Si cela m’arrive d’être rapatrié, j’en ferai pas un drame.
Monsieur Djaléga merci
Merci à vous et à abidjanshow.com. Aussi permettrez- moi de dire à toute la Côte d’Ivoire qu’elle doit soutenir les frères qui sont à l’étranger. Ils font de gros efforts pour épauler nos familles au pays. Ce n’est pas la peine de se moquer d’eux.
Hayden Tchétchè à Paris
haydentche@abidjanshow.com