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Hommage : Chao Mao, le Seigneur de la Rue Princesse !

Décédé le 11 décembre dernier, la cérémonie de 40e jour d’Adama Koné dit Chao Mao a lieu le 24 janvier 16, au domicile familial sis à Yopougon Sopim. Avant cet événement, les artistes, amis et connaissances rendent un hommage à l’illustre disparu, samedi 23 janvier à l’espace Gbêkê à partir de 18 heures. ABIDJANSHOW.COM retrace quelques souvenirs du “Seigneur” de la fameuse “Rue Princesse” d’Abidjan.

Ceux qui ont connu la fameuse Rue Princesse dans ses débuts glorieux savent qui est Adama Koné dit Chao Mao. Il était le propriétaire de l’un des premiers maquis de la Rue…

En ce temps-là, les maquis de cette périphérie étaient les lieux où les travailleurs et noceurs descendaient après le boulot pour soigner le stresse et la fatigue endurés après toutes les tâches et activités effectuées pendant la journée. Raison pour laquelle les noms des maquis avaient un lien avec le domaine de la santé. L’on comptait des maquis tels “La Clinique”, “Le Sérum” et ensuite la “La pharmacie de garde”. L’Image était la seule boîte de nuit dans le temps de cette rue. C’est ce même espace qui est devenu récemment Le “Café Cacao bar” avec Charly Parker et aujourd’hui “Métro Parc” avec Hamed Boucantier comme gérant. C’est suite à la notoriété et la gloire de ces premiers espaces qu’est née la “Rue Princesse”, avec une panoplie de maquis et de bars ensuite.

L’instigateur des maquis géants ou maquis modernes!

Chao Mao a donné vie à la Rue Princesse avec des maquis de renom. Voyant autrement les choses, Chao est passé à une vision plus grande. C’est ainsi qu’il a lancé le concept de maquis géants avec l’ouverture du “Jet 27”. Un espace comparable à une boîte de nuit à ciel ouvert avec toutes les commodités (son, lumière, confort…). Un lieu incontournable en Abidjan, qui a donné du travail à de nombreux jeunes ivoiriens en quête d’emplois. L’affluence de cet espace et des autres établissements a fait de la rue Princesse un site touristique très fréquenté par tous ceux qui venaient en Côte d’Ivoire. Avec la naissance du “Jet 27” de Chao Mao, la Rue Princesse a eu une renommée internationale.

Pourquoi Chao Mao était-il surnommé “L’Industriel”?

Inspiré dans ses activités de la nuit, Chao Mao est devenu incontournable. Et il a multiplié ses investissements. Du Sérum devenu le Magnum, il est devenu un véritable opérateur économique dans le monde de la nuit avec la naissance du maquis le Jet 27. Cet maquis a été l’un des espace des plus réputés de la Rue Princesse, pour avoir été à la base de l’éclosion et de la promotion de plusieurs genres musicaux tels que le Youssoumba avec les Youlés, Aboutou Roots, A Nous Les Petits…, surtout le coupé-décalé et autres. Toutes les grandes dédicaces d’artistes se tenaient en ce lieu. C’est d’ailleurs le Jet 27 qui a servi au lancement de l’album “1er Gaou” de Magic System, qui a fait le tour du monde. Le Jet 27 a été également cet espace-là qui a donné du travail à de nombreux DJ devenus aujourd’hui artistes chanteurs. Chao Mao, à travers ses établissements, a également donné du boulot à des étudiants devenus de grands acteurs du monde du showbiz aujourd’hui, tels DJ Boombastik, Aladji Toutouya le vieux Mouton… Le Jet 27 tournait comme une véritable entreprise, avec plusieurs dizaines d’employés. C’est ainsi qu’il a été baptisé Chao Mao l’Industriel.

La répartition de ses biens

Chao Mao laisse derrière lui six (06) enfants. L’on compte parmi les biens du disparu deux immeubles à la Rue Princesse et autres. Concernant la répartition de ses biens, « cela reste uniquement du domaine familial », nous a t- on expliqué. Son frère aîné, qui est une autorité du pays, avec les autres membres de la famille se chargeront de gérer les biens du défunt afin d’offrir un avenir rassurant aux enfants du “Père de la Rue Princesse”.

Le cas Eva Amani

Eva AmaniChao et Eva se sont connus et se sont aimés. Comme tout couple, il y a eu des bas et des hauts dans leurs relations. Plusieurs mois avant son décès, Eva et Chao Mao s’étaient déjà quittés. Eva est allée vivre ailleurs, laissant le domicile qu’elle partageait avec son ex. Malgré tout, il n’y avait pas d’animosité entre le couple séparé. Comme on le dit, après l’amour, ce n’était pas la guerre. Et pour preuve, Eva a été auprès de Chao Mao durant sa maladie et le soutenait dans l’ombre. Elle a d’ailleurs été les dernières personnes à voir le défunt avant qu’il ne succombe à sa maladie. Et aujourd’hui, cette dernière, très abattue et aussi reconnaissante de ce que cet homme a fait pour elle, a été très impliquée dans l’organisation des obsèques. Eva Amani est aussi l’une des chevilles ouvrières de l’organisation de l’hommage qui aura lieu ce samedi 23 janvier, à l’espace Gbêkê, comme nous l’a confié Angelo Kabila, neveu du disparu.

 

Témoignages

Angelo Kabila, opérateur culturel : « Chao Mao, toujours disponible et prêt à aider son prochain. »

Conférence Angelo Kabila (9)« Chao Mao l’Industriel est un grand monsieur. C’est mon grand oncle, car cousin à ma mère. C’est un monsieur que nous avons connu dans la joie et la gaieté. Toujours disponible et prêt à aider son prochain. Il nous a inspiré et donné le courage à exercer ce métier que nous faisons, aujourd’hui. Malgré les difficultés et les dures réalités que nous avons traversées, il a toujours été là pour nous apporter son soutien. C’est une grande perte pour nous… Je voudrais saluer la mémoire de cet homme au grand cœur. Et, j’espère que Dieu lui accordera ses grâces auprès de lui. Nous organisons donc un hommage qu’il mérite, ce samedi 23 janvier à l’espace Gbêkê à partir de 18 heures, pour lui témoigner toute notre reconnaissance. »

Gouverneur Bana Kitoko (Ami et proche de Chao Mao):

« Il était un travailleur infatigable »

Gouverneur Bana Kitoko« Chao était un ami et un frère. C’est le décès du père de mon jeune frère Kabila qui nous rapproché. Il était très proche de Kabila. J’ai ensuite vu en l’homme un travailleur infatigable, un baroudeur. Pour le fonctionnement de ses établissements, malgré ses charges énormes dans son domaine d’activité qu’était le transit, il trouvait toujours le temps de faire le point avec ses gérants et autres employés. Tout le monde est unanime à reconnaître qu’il était très généreux. Il avait l’esprit de partage. Il aimait rassembler du monde chez lui avant de manger. Le matin, chez lui, il attendait toujours qu’il ait de la compagnie, avant de prendre son petit déjeuner avec ces personnes. Et me concernant, il me réveillait souvent pour qu’on prenne le petit déjeuner ensemble. Les vertus et enseignements reçus de lui sont: “Seul le travail paie et partager est mieux”. C’était quelqu’un de jovial et qui aimait son prochain. C’est sur ses conseils que, prenant de l’âge, je me suis rangé pour me consacrer ma petite famille, afin de lui accorder le temps et l’intérêt qu’elle mérite. Une semaine avant son décès, il m’a retrouvé à Bassam et a été surpris de me voir à l’eau, pour quelqu’un qui consomme fréquemment de l’alcool. Il m’a dit à cet effet que nous avons une famille, des enfants qui comptent sur nous, alors il faudrait qu’on fasse attention à notre santé. Et cela a fait que j’ai passé toute la soirée sans toucher à une goutte d’alcool… Il lui arrivait d’être coléreux à certaines occasions, mais il oubliait et pardonnait très vite. Il avait un grand respect pour sa famille et surtout pour ses enfants, malgré ses activités de la nuit. Il était donc très discret à ce propos. C’était un bon petit Dioula comme on le dit, qui n’aimait pas la fanfaronnade. »

 Armand Serge Godi dit Armand De Godi (Ami et Proche de Shao Mao):

“Chao, un homme au grand cœur”

Armand serge« Adama Koné ou Chao est un frère. Nous avons passé de bons moments ensemble et vécu des choses depuis Yopougon, jusqu’à ce qu’il vienne investir à Angré. Nous avons partagé beaucoup de choses ensemble dans ce cadre qu’il a baptisé “Be Select”. Je suis l’un de ses amis resté tous les jours avec lui jusqu’à ce qu’il parte. Que dire de lui ? Simplement, c’était un monsieur au grand cœur dont je pourrai citer les œuvres et actions. Il a aidé des gens, sans attendre quelque chose en retour. Il était celui autour duquel tout gravitait. Peuvent en témoigner tous les jeunes à Yopougon qui le connaissaient et ceux qui ont fait la Rue Princesse. Il était toujours disponible pour les autres. J’ai très mal qu’il soit parti, car il pouvait faire beaucoup de chose pour la commune de Yopougon. Je le taquinais ainsi: “Chao, ça ne dit pas de te présenter à la mairie de Yopougon?” Et nous avons rigolé. Ses affaires marchaient et il avait les hommes et les moyens pour cela. Chao pouvait apporter beaucoup de choses à la commune de Yopougon, en faisant partie du conseil municipal par exemple. Les voies de Dieu sont insondables et je pense que Dieu le bénira là où il est, parce que Chao a beaucoup fait pour les autres. Il aimait avoir du monde autour de lui… Il était un grand cuisinier, un cordon bleu. Il faisait la cuisine comme une dame. Et chaque fois qu’il cuisinait quelque chose, il rassemblait du monde pour déguster cela. Il aimait le partage et la compagnie des autres. C’était un leader, car tout tournait autour de lui… Malheureusement, il n’a pas pu gérer et maîtriser la maladie. La tension, parentée au diabète, et autres ont engendré d’autres maladies. Choses qu’il n’a pu gérer et qui l’ont emporté. Et chacun de nous doit faire attention à ce genre de maladie car, comme le disent les médecins, ce sont des tueurs silencieux… Je prie donc Dieu pour qu’il le reçoive dans son royaume éternel. »

 Jaguen Abouet (Manager et Président des Managers de Côte d’Ivoire) :

« Il a été un modèle pour nous »

Jaguen« Chao Mao est ce monsieur-là qui nous a donné le courage et l’envie d’embrasser le milieu de la nuit. Tout jeune, on entendait parler d’eux et cela suscitait beaucoup de curiosité dans un premier temps. Secundo, on voulait devenir comme eux qui étaient très célèbres et aider les uns et les autres à s’en sortir. J’étais certes manager d’artiste et producteur, mais je me suis par la suite installé à la Rue, grâce à ces grands “Monsieurs” qui en ont fait la notoriété. Nous lui rendons hommage, aujourd’hui, parce que nous sommes tous unanimes que c’est le père de la Rue Princesse. C’est vrai que la rue a commencé avec un petit maquis appelé “Clinique”. Chao, en s’installant, a donné un nom et une renommée à cette Rue Princesse grâce au “Jet 27”. Ce maquis s’est installé à la Rue avec un son, des jeux de lumière… C’était un bar à ciel ouvert. Et c’est Chao qui a donné le Top départ de la Rue Princesse. Après lui, les Jean Yves Le Faucon, les Zomadré et plein d’autres se sont installés sur cette rue. De Bel Air à Keneya, la Rue a vécu grâce à Chao. Nous lui seront reconnaissants à jamais d’avoir donné vie à la Rue Princesse, qui a été une ressource inqualifiable pour plusieurs familles, en offrant du boulot à pleins de jeunes gens. De nombreux artistes et managers sont partis de la Rue Princesse, grâce à lui et en particulier au Jet 27. Cet espace a été le lieu qui a permis à un grand nombre d’artistes de décoller. La promo et le décollage de 1er Gaou sont partis du Jet 27. Une anecdote, les gens ne savent certainement pas que le succès de 1er Gaou est parti du Jet 27. Avant l’avènement des CD, c’était les cassettes audio que l’on utilisait. Kabila, Charly, Parker et moi avions remis la cassette à Aladji Toutouya pour qu’il fasse écouter cela. Pour ne pas qu’il duplique le produit qui n’était pas encore sur le marché, nous faisions la garde derrière. Mais l’on ne sait par quel stratagème, il a pu dupliquer l’œuvre. Car deux jours après notre présence en ce lieu, de passage à la Rue Princesse, j’entends la chanson jouer au Jet 27. Et j’ai piqué une colère noire contre Aladji en lui faisant le reproche de pirater une œuvre qui n’était pas encore disponible. Et la réponse de ce dernier a été ceci: “Eh mon ami, je fais la promotion ou pas…? ” Et c’est ainsi que le succès de cette œuvre-là est parti de la Rue Princesse, en particulier grâce à la perche que nous a tous tendue Chao Mao, par le canal du Jet 27. Tous ceux qui sont partis de la Rue Princesse doivent aujourd’hui s’incliner sur la mémoire de Chao Mao pour lui rendre cet hommage mérité, ce week-end au Gbêkê…

Article et propos recueillis par Athanase Konan
athanasekonan@abidjanshow.com

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