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Jérôme Monod, conseiller de Jacques Chirac, est mort

Il avait rencontré Jacques Chirac à la Cour des comptes et était son fidèle compagnon de route. L’industriel est décédé à l’âge de 85 ans, selon “Le Figaro”.

Il a été de tous les combats. De toutes les victoires comme de toutes les défaites. Des rares moments de joie et des nombreux instants de doute. Fidèle parmi les fidèles de Jacques Chirac, Jérôme Monod est décédé à l’âge de 85 ans. La famille a confirmé une information du Figaro. “Il s’est éteint paisiblement chez lui en présence des siens et sera inhumé dans la plus stricte intimité dimanche dans le caveau familial à Lourmarin”, indique sa veuve Françoise Monod à l’Agence France-Presse qui révèle qu’une cérémonie religieuse aura lieu le 7 septembre à 11 heures au temple protestant de l’Oratoire du Louvre, à Paris, “la paroisse de la famille Monod depuis 200 ans”.

Cet industriel aura accompagné l’ancien président de la République dès 1975 quand celui-ci était le Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing. “Fidèle de Jacques Chirac, il l’a accompagné tout au long de son parcours jusqu’à l’Élysée”, a rappelé l’Élysée dans un communiqué. “Comme chef d’entreprise, à la tête de la Lyonnaise des Eaux, il a développé et internationalisé ce groupe, devenu avec Suez-Environnement, un fleuron de l’industrie française”, a-t-elle poursuivi. Jérôme Monod, a encore relevé la présidence, “était très attaché à l’équilibre de nos territoires” et “l’avait montré lorsqu’il avait la responsabilité de la DATAR (Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale) au début de sa carrière administrative”. “Le président de la République présente ses condoléances à sa famille et à ses proches”, a ajouté l’Élysée.

Un politique passé par l’entreprise !

Homme discret, conseiller de Chirac, Jérôme Monod entre au cabinet de Michel Debré en 1959 puis à la délégation de l’aménagement du territoire (Datar) en 1963 avant donc de se rapprocher de Jacques Chirac. Artisan avec Pierre Juillet et Marie-France Garaud de la création du RPR, il en devient le premier secrétaire général. Le parti de la droite remportera toutes les élections jusqu’à l’accident des Européennes 1979. S’éloignant de la politique dès 1978 (“un monde qui vous enferme”, de son propre aveu), il rejoint le monde de l’entreprise et entre à la Lyonnaise des eaux, réussissant l’internationalisation de la société et le rapprochement avec Suez.

Il devient le VRP numéro un du groupe, et part à la conquête du monde, parcourant les chantiers de l’Amérique du Sud au Japon, en passant par le Moyen-Orient ou la Chine. Sans états d’âme. À ceux qui lui reprochent d’ignorer la répression sanglante de Tienanmen, il rétorque “travailler pour le bien-être des masses”. Il se lance aussi dans la construction d’un pôle communication autour de la télévision et du câble. Mis en cause dans les affaires liées au financement des partis politiques dès la fin des années 80, Jérôme Monod a été l’un des premiers grands patrons français à mettre en place une charte éthique dans le groupe. Mais l’appel de la politique – et surtout son amitié avec Jacques Chirac – est plus fort.

En 2000, à 70 ans, le voilà de retour aux côtés du président, qui prépare activement sa réélection. En 1995, avec François Pinault, il était le seul grand patron à lui rester fidèle. Après la victoire de 2002, il s’installe à l’Élysée dans le petit salon Argent, fonde l’UMP avec Juppé et (re)devient l’éminence grise de Chirac. Il assiste à la fin de règne et au combat entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin. En 2004, dans un portrait que lui consacrait Le Nouvel Économiste, Jérôme Monod définissait la politique : “La politique est un métier dur, peu modernisé, parcimonieux en satisfactions, qui façonne les individus et les intoxique parfois. Dans un monde où règne la médiocrité et l’impuissance, il faut tout faire pour la sublimer.” En 2009, il publiait ses mémoires où il décochait ses dernières flèches. Avec toujours un regard affectueux pour Jacques Chirac, un ami de 50 ans. Et pour cause : ils avaient la Corrèze en commun, Monod ayant épousé la petite-fille de l’ancien président du conseil, Henri Queuille.

Jérôme Monod en dix dates :

1930 : naissance à Paris.

1957 : ENA, promotion France-Afrique.

1959-1962 : chargé de mission auprès de Michel Debré, Premier ministre.

1966-1975 : chargé de mission puis délégué de la Datar.

1975-1976 : directeur de cabinet de Jacques Chirac, Premier ministre.

1976-1978 : secrétaire général du RPR.

1980-1997 : PDG de la Lyonnaise des eaux.

1997-2000 : président du conseil de surveillance de Suez-Lyonnaise des eaux.

2000-2007 : conseiller du président de la République, Jacques Chirac.

2016 : décès à Lourmarin (Vaucluse).

lepoint.fr

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