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La Haye: un djihadiste malien jugé pour la destruction de mausolées à Tombouctou

Ahmad Al Faqi Al Mahdi, surnommé Abu Tourab, est jugé à partir du 22 août 2016, à La Haye.

Le chef du groupe djihadiste Ansar Dine, à Tombouctou, au Mali, est jugé depuis ce lundi matin pour avoir détruit une dizaine de mausolées, au nom de “la lutte contre l’idôlatrie”. Il a plaidé coupable.

C’est la première fois que la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, aux Pays-Bas, juge un suspect pour destruction de patrimoine culturel. Il s’agit également du premier procès lié au conflit au Mali et jugé par cette Cour. Depuis ce lundi matin, le djihadiste malien Ahmad Faqi Al Mahdi se trouve devant les magistrats de la CPI. Selon France 24, il s’agit du premier djihadiste écroué par la Cour.

Cet ancien directeur d’école est accusé d’avoir mené, avec d’autres djihadistes, une campagne de destruction d’une dizaine de mausolées de Tombouctou, surnommée la “Cité des 333 saints”, entre juin et juillet 2012. Des bâtiments protégés par l’Unesco et classés au patrimoine mondial de l’humanité, que les terroristes avaient détruit à coups de pioches et de burin, au nom de la lutte contre “l’idolâtrie”.

“Ces bâtiments étaient les plus connus de Tombouctou et faisaient partie de son héritage historique, ils faisaient partie de l’histoire du Mali et de celle du monde”, a affirmé ce lundi la procureure Fatou Bensouda.

“Je plaide coupable”

Il s’agit de tombeaux de personnalités vénérées, dites “saints”, érigés à Tombouctou, ville fondée au Mali au Ve siècle et inscrite par l’Organisation des Nations unies pour l’Education, la Science et la Culture (Unesco) en 1988 sur sa liste du patrimoine mondial de l’humanité, puis reclassée en 2012 comme patrimoine mondial en péril. Les plus anciens mausolées dateraient du XIVe siècle. Leur reconstruction a été lancée en mars 2014 par des maçons locaux, dans le cadre d’un programme mis en oeuvre par l’Unesco et financé par plusieurs pays et institutions.

En mars, le procureur, avait affirmé que le quadragénaire surnommé Abu Tourab et est soupçonné d’avoir participé à toutes les étapes de la destruction, de la planification à l’exécution, souhaitait reconnaître sa culpabilité. Il s’agit là aussi d’une première pour la CPI. Ahmad Faqi Al Mahdi, inculpé en mars dernier pour crimes de guerre, est soupçonné d’être lié à l’organisation terroriste Al Qaïda. “Votre Honneur, j’ai le regret de dire que tout ce que j’ai entendu jusqu’à présent est véridique et reflète les événements”, a-t-il affirmé ce lundi, devant la CPI, après la lecture des charges, avant d’ajouter: “Je plaide coupable”.

“J’avais cédé à leurs pressions comme à une tempête de sable”

“Je me tiens devant vous dans cette enceinte plein de remords et de regrets”, a-t-il aussi indiqué. “Je suis fort contrit de mes actes et de tous ces préjudices que cela a causé à mes êtres chers, à mes frères et à ma mère patrie, la République du Mali, et aux membres de l’humanité aux quatre coins du monde”, a lancé le Malien. Il a affirmé avoir été “sous l’emprise d’une bande de leaders d’Al-Qaïda et d’Ansar Dine”, “j’avais cédé à leurs pressions comme à une tempête de sable” se justifie-t-il, et a promis aux magistrats que “cette faute commise sera la première et la dernière“.

Avant son interpellation, il aurait été le dirigeant du groupe djihadiste Ansar Dine à Tombouctou, qui contrôlait le nord du Mali. En avril 2012, selon la CPI, l’homme qui possédait une forte autorité religieuse dans la ville, aurait mis en place une brigade islamique des moeurs, la Hisbah.

De 9 à 11 ans de prison probablement requis

L’un des membres du bureau du procureur a affirmé que l’accusation allait demander une peine comprise entre 9 et 11 ans de détention. Jean-Louis Gilissen, l’un des avocats de l’accusé, a indiqué que son client ne ferait pas appel, si la condamnation prononcée “reste dans cette échelle”.

Avec ce jugement inédit, La Haye entend faire un exemple, dont les sanctions pourraient ensuite menacer les djihadistes de Daech qui ont détruit la ville de Palmyre et une partie d’Alep, en Syrie.

lexpress.fr

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