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Les si «belles» et si «mignonnes» sportives des Jeux olympiques

«Une belle jeune femme», une «athlète élancée que l’on pourrait voir ailleurs que sur des tapis de combat». Si l’introduction présentant Automne Pavia comme judoka «médaillée de bronze aux Jeux de Londres» faisait saliver, les premières lignes de son portrait dans l’Equipe font très vite retomber l’envie de poursuivre la lecture.

Quelques lignes plus loin, pourtant, l’on retrouve une belle interview, elle aussi pleine de finesse, de la responsable des relations publiques à la Fédération française. Elle décrit la sportive comme quelqu’un de«mignonne et atypique car très féminine pour une judoka», avant d’ajouter : «elle a toujours le sourire et un côté fleur bleue».

Un beau florilège de remarques plus sexistes les unes que les autres, dont l’Equipene détient évidemment pas le monopole. Alors que sur Canal+, les commentateurs lancent des «ah, ça pleure chez les gonzesses», France Télévisions se contente de qualifier Alizé Cornet et Serena Williams de«drama queens», ou de disperser ça et là quelques remarques bien senties sur le physique des athlètes au féminin.

Il y a deux ans déjà, ce type de discours avait soulevé l’indignation. On se souvient ainsi de Nelson Monfort et Philippe Candeloro. Un duo de choc qui, lors des J.O. de Sotchi, s’était notamment permis de commenter la taille de poitrine de la patineuse artistique italienne Valentina Marchei. Aussitôt, la ministre des Droits des femmes de l’époque, Najat Vallaud-Belkacem, en avait appelé au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), lui demandant de sanctionner ces «atteinte[s] à l’image des femmes».

Elle avait également demandé dans un courrier aux dirigeants de France Télévisions de «faire respecter ses engagements en matière de lutte contre le sexisme». Le CSA avait adressé une mise en garde à la chaîne, au mois de mars 2014, condamnant le caractère «graveleux» et«extrêmement déplacé» des «propos tenus par [certains] commentateurs». «Le service public se doit d’être exemplaire en matière de promotion de l’image et de la place de la femme», avait-il ajouté.

Les femmes «participent», les hommes «se battent»

Une étude, publiée par l’université de Cambridge le 5 août, prouve que les efforts à fournir sont encore nombreux. Focalisée cette fois-ci sur les médias anglophones, elle décrit les «divisions genrées» autour du doux monde des Jeux olympiques.

 Si journaux et télévisions parlent environ trois fois plus des hommes que des femmes, le rapport montre aussi qu’on ne les évoque pas toujours de la même manière. D’abord, il y a la mention même du sport. Alors que l’on parle du «football féminin», on précise rarement «football masculin», comme si «les sports pratiqués par les hommes [étaient] souvent considérés comme référence par défaut». Comme constaté plus haut, les sportives seraient aussi plus souvent mises en tête d’affiche pour «la longueur de leur jupe», les récentes naissances de leurs enfants, ou derniers «mariages» que pour leurs chances de médailles.

«Le vocabulaire autour des femmes dans le sport se focalise de manière disproportionnée sur l’apparence, les vêtements et la vie privée, soulignant un accent mis sur l’esthétique plus que l’athlétique», lit-on. Certains termes reviennent par exemple plus souvent, comme «âgé(e)»,«vieux/vieille», «marié(e)», «non-marié(e)», ou d’autres, plus infantilisant, à l’image de «girls» («filles»). Pour les hommes, on préférera «le plus rapide», «fort», «grand», «bon». Quand bien même les médias se focalisent sur leurs performances sportives, les athlètes féminines «participent», «s’efforcent», «concourent» tandis que leurs homologues masculins «se battent», «gagnent» ou «dominent». De quoi achever par K.O. les sportives des Jeux olympiques.

liberation.fr

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