Un artiste, c’est avant tout un créateur qui, dans son projet espère vivre durablement de son art. Aussi, met-il un point d’honneur dans la recherche de l’inédit, du sensationnel, du beau. Malheureusement, ce n’est pas toujours que les produits qu’ils proposent à leurs concitoyens sont appréciés et surtout s’encroûtent dans la postérité.
Dans ce présent article, nous vous proposons le top cinq des créations qui n’ont justement pas pu prospérer après leurs créateurs. Il y a certainement eu plusieurs artistes dont les créations n’ont pu s’imposer mais pour ce top 5 (forcément subjectif), nous partirons des années 80 pour atterrir aux années 90.
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1-Le ‘’Wamy dance’’ du doyen Anoma Brou Félix : Anoma Brou Félix a été rappelé à Dieu le 2 octobre 2021 à Abidjan. Couturier de formation, l’homme était en réalité un passionné de la musique dont il rêvait de faire son métier véritable. Entre les machines à coudres et les instruments de musique, le choix fut vite fait et Anoma Brou Félix se retrouve dans les années 60 en France où avec son groupe musical Ivory Band il mit au point une curieuse danse : le Wamy Dance. Comment dansait-on le Wamy ?
Facile à suivre mais difficile à décrire mais risquons le pari (perdu d’avance). Balancement des bras et agitation des doigts rythmé par une harmonie du mouvement des pieds et surtout le coup de grâce : le geste final qui s’apparente à quelqu’un qui puise l’eau d’un puits comme me l’a dit un doyen. Du grand art sans doute mais qui n’a jamais été aussi bien excuté après la mort de son créateur.
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2-Le Ziglibity Makossa : Le Ziglibity, une danse faite de sauts presque périlleux associée au Makossa, danse exécutée avec souplesse, une vraie combinaison difficile que le doyen Luckson Padaud et son grand rêve de jeune débutant voulut proposer aux mélomanes ivoiriens. Nous étions au début des années 80 et le magasine de l’époque ‘’ID’’ titra (rapportant les propos de l’artiste venu fraichement de Paris) :
‘’je fais du ziglibity makossa’’. Imaginons ce qu’on aurait pu avoir comme chorégraphie. Mal (heureuement), le projet n’eut pas lieu. Avec du recul, on se demande bien si le doyen Luckson Padaud (aujourd’hui grosse star de la musique tradi moderne béthé) avait conscience de cette alliance morganatique parce que depuis lors, aucun artiste n’a tenté d’expérimenter cette insolite trouvaille.
3-Rock gbé : Dans ce genre-ci, il y a au moins ‘’rock’’ qui ne déroute point les actuels mélomanes et j’avoue personnellement que le doyen Bailly Spinto (l’auteur de la création) réalisa une belle chanson dont il produisit le clip en 85/56 à la zone industrielle de Vridi, côté Tri postale. Connu pour ses chansons langoureuses, la critique médiatique n’accepta jamais ce revirement à 180°. Bailly Spinto se résolut finalement à ne plus faire son ‘’rock Gbé’’, du moins en Côte d’Ivoire. Il déclara un jour dans un organe de presse qu’ailleurs, ce genre mal connu était bien apprécié.
4-Le zegzeg dance : Ici, mes souvenirs manqueront de précision car il me semble que le jeune artiste qui créa cette danse bizarroïde est décédé au début des années 90 ou en 90 ; je ne me souviens plus de son nom non plus mais la danse si ; oh qui si, le Zegzeg danse. Comme un feu de paille, elle mourut à la suite de son auteur et plus jamais on en parla. Les lecteurs d’une certaine génération sauront sans doute de quoi il était question.
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5-Le Zouglou Crabe : Vous avez bien lu, le zouglou connut aussi des pas de crabe. Nous sommes en 1994/95 et cette danse née dans les cités universitaires était au sommet de sa gloire mais aussi au sommet de ses pas les plus inattendues comme ceux du crabe. Ici encore, le nom du groupe m’échappe.
Je retiens seulement qu’à une édition de l’émission à succès ‘’Tempo’’, George Aboké faisait une sorte de tour d’horizon des différents genres du zouglou. Nous avons encore en mémoire le passage de ce groupe dans le sillage de Safe le Pape (aujourd’hui sorti des radars). Ne me demandez pas les pas de zouglou. Observez simplement le crabe, vous saurez. Bien entendu, comme les autres créations étranges, le zouglou crabe disparut de la scène comme un crabe dans son trou.
Diaman Emmanuel
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