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Maman Poki ‘’J’ai entrainé ma fille dans la prostitution hélas ‘’

Pourquoi je suis devenue prostituée ? Il n’y a pas de raison. Aucune raison ne justifie qu’une femme se vende. Je fais ce métier et croyez-moi je ne le conseille à personne. Je me hais et m’en veux de n’avoir pas su empêcher ma fille d’emprunter cette voie. Moi-même je n’ai pas décidé de devenir prostituée. J’y suis arrivée sans me rendre compte.
Au départ, j’étais juste serveuse. A cette époque la rue princesse n’était qu’une rue parmi tant d’autres. C’est au fur à mesure qu’elle a pris du volume avec les nombreux maquis, les nombreux clients et aussi les nombreux vices.

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Quand j’arrivais à la rue, mon job était de servir les clients, faire la facture et encaisser. Quand la rue a commencé à prendre de l’ampleur, les gérants ont demandé aux serveuses de s’asseoir aux tables des clients pour mieux les retenir. Les dragues qui avaient déjà court ont pris de l’importance. Personnellement à l’époque je ne faisais aucune différence entre les dragues auxquelles je faisais l’objet au quartier et celles auxquelles j’étais soumises à la rue. Je ne me rendais même pas compte que mes choix étaient fonction de la générosité des clients. Plus exactement plus un client était généreux dans les pourboires, plus il avait la chance que je lui dise oui. Etait-ce de la prostitution ?

L’idée ne pouvait pas traverser mon esprit. C’est comme cela que je fonctionnais au quartier. Quand tu es gentil ou que j’ai l’impression que tu as les moyens d’exprimer ta générosité, tu as plus de chance que je t’écoute. Le problème à la rue est que les dragues sont nombreuses et les dragueurs en fait cherchent juste à se satisfaire. Sans qu’on ne se rende compte, on se tapait un mec tous les soirs. Puis des fois deux. Sans qu’on se rende compte, c’est avec ce que ces mecs nous donnaient qu’on s’habillait, qu’on payait nos maisons.
J’ai vécu comme cela jusqu’à ce que je tombe enceinte. Grossesse non désirée bien sûr. Je n’en connais pas l’auteur et il va de soi qu’elle ne connaitra jamais son père. Je suis traumatisée à l’idée qu’un jour, elle fasse ça avec lui. (…)
Je suis allée accoucher au village. C’était très dur là-bas. J’ai du abandonner ma fille aux mains d’une cousine à qui j’ai promis envoyer de l’argent régulièrement. Quand je retourne à la rue, ma place de serveuse est prise Je n’ai plus de logis non plus. Je traine à la rue et de temps en temps, je sers des clients. Le gérant a été clair, je peux servir mais il ne peut pas me payer. Je me débrouillais avec des pourboires. Je ne pouvais pas aller avec un homme parce que je venais à peine d’accoucher.

Que faire ? Je cherchais un autre maquis quand ma cousine m’a ramené ma fille. C’est à partir de la que les choses sont allées vite. Si ‘’en bas ‘’ n’était pas compétitif, ma bouche était là. J’ai proposé cela et ça intéressé les gens. Pour une pipe, on n’était pas obligé d’aller à l’hôtel. Un coin noir suffisait. Et à la rue, il y en a toujours. En ce moment précis, je savais que j’avais basculé mais je me disais que ça allait passer. Que j’allais faire ça juste le temps de me retrouver. Hélas, je n’en suis plus jamais sortie. Même lorsque j’ai eu une place de serveuse pleine, j’ai remis à plus tard mon retrait.

Aujourd’hui je vis de cela et j’y trainé ma fille. C’est dégelasse. Chaque jour, je lui dis d’arrêter et qu’on ne peut pas gaspiller deux vies. Mais elle ne veut rien savoir. Elle gagne mieux que moi, ce que je lui propose par jour pour arrêter est insignifiant à ses yeux. » De ses yeux échappent des signes de pleurs. Entre les sanglots échappent des lamentations. « J’ai gâché deux vies. Hélas » Vraiment hélas.

Bledson Mathieu

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