Share, , Google Plus, Pinterest,

Print

Posted in:

Serge KASSY : ‘‘Je valorise le « Kpètou »’’

« John Bri », « Cabri mort », « Au nom de Jésus », « Hommage à RFK » et autres sont des titres qui ont fait la réputation de Serge Kassy pour ne pas dire le Rasta de Port Bouët.

Depuis quelques années, il vit en exil en France, où il tente tant bien que mal de se faire une place sur l’échiquier musical parisien. Avec les soutiens de Georges Kouakou et Freddy Assogba à la réalisation, Serge Kassy vient de sortir sa toute dernière production « Loin des Miens ». Entretien.

Lire aussi : Serge Kassy livre « Kpêtou » et annonce son retour à Abidjan

 Abidjanshow.com : Bonjour Sergent ! La sortie de votre nouvel Album et le concert de ce 22 avril, c’est toute votre actualité ?

Serge KASSY : Salut Tchétchè ! Ecoute, mon actualité est déjà assez chargée avec ce concert du 22 Avril à la Boule Noire. Il rentre dans la promotion de mon dernier album « Loin des Miens ». C’est une production de 12 titres qui ont été arrangés par Georges KOUAKOU et Freddy ASSOGBA. Il est sorti à Paris depuis le 3 Février et à Abidjan, le 13 Mars dernier. Par la Grâce de Dieu j’ai de bons retours. La preuve que l’album se comporte très bien.

Abidjanshow.com : Pourquoi « Loin des Miens » comme titre de cet Album ?

Serge KASSY : « Loin des Miens » parce que c’est le 1er album que je fais loin de mes parents, de la Côte d’Ivoire mon pays. « Loin des Miens » parce que cet album m’a permis de faire un brassage par rapport à l’exil que je mène. Je n’aurais pas développé une certaine thématique si je n’étais pas en exil. J’ai découvert beaucoup de choses qui m’ont permis de développer ma pensée culturelle.

Lire aussi : Commémoration : 11 avril 2011, Serges Kassi s’en souvient

Abidjanshow.com : C’est quoi ces thèmes nouveaux que tu as développés ?

Serge KASSY : Ici j’ai découvert un certain nombre de choses qu’en Afrique on ne développe pas. Par exemple dans le titre « Avenir Solidaire », où j’ai égrainé un certain nombre des problèmes sociaux culturels tels que l’homophobie, le racisme, l’immigration… ce sont des sujets dont on n’a pas forcement conscience lorsqu’on est en Afrique.

Nous ne sommes pas très imprégnés de ces valeurs. Ce sont des choses que j’ai connu et vécu loin des miens. Je peux aujourd’hui juger ou apprécier ces faits sociaux culturels. Je n’aurais pas eu ce discernement si j’étais quelque part en Afrique ou chez moi en Côte d’Ivoire.

Abidjanshow.com : Je m’attendais à des thèmes autour de votre situation d’exilé, de réfugié pour être plus précis ?

 Serge KASSY : Ecoutez, c’est un fait que je vis tous les jours. Je n’ai pas besoin de le crier. J’ai toujours dis que j’étais la bouche, les yeux et les oreilles du peuple. Je l’assume. Je ne vais donc pas à m’appesantir sur mon sort parce que je l’ai accepté. En embrassant cette voie d’artiste engagé, je savais où j’allais. Je savais que je n’allais pas plaire à tout le monde.

Lire aussi : Serges Kassy ne viendra pas enterrer son père

Je savais que j’allais déranger certaines personnes que je dénonçais. J’étais prêt à vivre la vie que je mène. Je n’ai donc pas à le crier sous tous les toits. Je ne regrette pas ce choix de vie, au contraire je vis un exil qui m’a permis de découvrir certaines choses que je partage avec le peuple.

Abidjanshow.com : C’est quoi ces choses ?

Serge KASSY : Ce sont des valeurs qui se retrouvent partout dans le monde et parfois bradées ou bafouées. Vu que je suis la bouche, les yeux et les oreilles du peuple, je relate ces faits pour les dénoncer ou les approuver, pour amener le peuple à comprendre certaines choses. C’est un peut dans ce contexte que je développe des thèmes comme l’homophobie, l’homosexualité.

Aujourd’hui on parle de « Mariage pour tous », des choses que je vis ici. Pour le jeune africain que je suis, je tombe quelque fois des nues. Je veux développer ces sujets avec un monde qui l’ignore. J’en parle dans une chanson qu’on appelle « Kpètou »

Abidjanshow.com : « Kpètou » ?

 Serge KASSY : Oui « Kpètou » que tu connais. Ça va peut-être faire rire les gens, mais c’est une chanson profonde de sens. Nous sommes des africains. Notre culture ne nous amène pas à la déviation sexuelle. Un certain Président qui s’appelle Barak OBAMA en qui nous avions mis beaucoup d’espoir, parce que fiers de savoir qu’un africain est à la tête de l’une des plus grosses puissances du monde.

Lire aussi : Tolio Anatole mort sans moyen, les larmes de Serge Kassy

A notre grande surprise, au moment où nous parlions de solutions pour lutter contre la famine et le sous-développement, ce fils d’Afrique nous parle de l’acceptation du mariage homosexuel. J’avoue que nous avons été tous choqués en Afrique. J’ai aimé la réponse que le Président Macky Sall lui a donnée.

Abidjanshow.com : Il lui a répondu quoi ?

 Serge KASSY : Que dans la culture Africaine le sexe féminin a une importance capitale dans la vie d’un homme. On ne peut donc pas imposer les déviations sexuelles aux Africains. Pour résumer un peu sa réponse. Je le soutien, parce que y en a marre qu’on joue avec l’Afrique de la sorte. On nous a fait subir l’esclavage, on nous colonisé et on vient encore nous imposer une culture qui n’est pas la nôtre en nous disant que si on ne l’accepte pas on ne va pas nous accorder de l’aide.

Pourquoi l’occident va toujours penser que tous ce qui est bon pour eux doit être forcément bon pour nous ? Dans cette chanson, je dis qu’on va créer une guerre si on veut nous détourner de notre « Kpètou », parce que c’est ça nous on aime. C’est ça qui est la vérité.

Lire aussi : Serges Kassy : François Konian, un monument !

Abidjanshow.com : Vous avez fait le pari des faits de société dans cet album. Où est passé le Serge Kassy incendiaire qui tire à boulets rouges sur la politique africaine ?

Serge KASSY : Je ne suis pas l’image que tu es en train de peindre de moi. Je ne suis pas un incendiaire, je ne fais que dénoncer les faits de société. Un artiste engagé c’est celui qui dénonce les faits de société et c’est ce que je fais. Des actes qui touchent mon peuple. Quand on parle d’un sujet quel que soit le bord politique chacun l’interprète à sa manière et c’est dommage.

Mais moi je sais ce que je dis et où je vais. En Côte d’Ivoire il y’a des faits tels que la corruption et autres. Serge Kassy serra là pour les dénoncer. « Loin des Miens » est donc un album politiquement conscientisant. Parce que avant même que l’album ne sorte on a appris qu’il était interdit à Abidjan parce que c’est Serge Kassy.

Abidjanshow.com : Pourtant vous m’avez dit qu’il est sorti à Abidjan ?

Serge KASSY : Oui parce que nous sommes restés dans notre ligne de combattant. Nous n’avons pas considéré ces menaces. On n’a fait un album dans lequel tout le monde va se retrouver, mais on ne va pas demander à Serge Kassy de répéter toujours les mêmes choses. J’ai essayé d’être un peu ouvert. Les occidentaux, des africains s’y retrouvent.

Lire aussi : Serges Kassy : Le buzz ou malade ?

Abidjanshow.com : Serge Kassy s’est assagi ?

Serge KASSY : Parce que j’étais comment ? Je n’ai pas changé, j’ai juste déménagé. Je suis le même. Pourquoi lorsque quelqu’un dénonce on veut lui coller une étiquette négative ? C’est parce que je suis sage que j’ai cette faculté de discernement pour déceler les problèmes de notre société et les mettre au-devant de la scène, pour en faire prendre conscience à mon peuple.

Ma démarche est noble. La preuve est que j’ai des retombées positives depuis la sortie de cet album. Il y’a même une équipe de production Française qui a décider d’accompagner le titre « Avenir Solidaire » de cet album. Nous avons tourné le clip, on verra ce que ça va donner.

Abidjanshow.com : Ne pensez-vous pas que c’est parce que vous avez un peu diluez votre vin que des structures s’intéressent à vous ?

Serge KASSY : Pourquoi ? Mais si j’ai mis un peu d’eau dans mon vin, ça c’est pour les uns. Je suis toujours resté dans ma ligne de conduite. Si je développe des thèmes qui intéressent des maisons de productions occidentales, cela veut dire que j’ai enrichi ma thématique, j’ai enrichi mes valeurs culturelles.

Abidjanshow.com : Je présume que vous n’avez plus le même regard sur la musique Ivoirienne depuis que vous êtes ici en exil. Il était certainement diffèrent lorsque vous étiez en Afrique ?

Serge KASSY : Bien évidemment de l’Afrique on regarde la musique Ivoirienne et africaine différemment on se dit parfois que ceux qui sont en Europe ont de la chance de bien profiter de leur art. Sur le terrain on se rend à l’évidence. C’est en ce sens que je pense qu’il faut encourager nos artistes de la Diaspora. Il faut nous encourager, je devais dire, car j’en fais partie désormais. Malgré les difficultés de la vie parisienne, on réussit temps bien que mal à hisser le drapeau de la musique Ivoirienne au sommet.

Lire aussi : Le message surprenant de Serge Kassy à A’Salfo

Abidjanshow.com : Votre regard sur la musique ivoirienne en Côte d’Ivoire depuis Paris. Notamment le combat de la piraterie que vous avez mené lorsque vous étiez au pays ?

Serge KASSY : Si tu sors le thème de la piraterie, je suis triste parce que le travail que nous avons fait s’est effondré comme un château de cartes. La piraterie a pris le dessus sur les ventes à près de 90%. C’est dommage. Avec l’équipe de Gadji Céli, je dirigeais la cellule de lutte contre la piraterie et en moins de 7 mois on a vu l’avancée que nous avons obtenue des autorités de l’époque. On avait commencé à faire payer les droits d’auteurs. Malheureusement la nouvelle équipe n’a pas continué le travail que nous avons commencé. Les pirates ont occupé le terrain que nous avons laissé.

Cela fait qu’il n’y a presque plus de maison de disque en Côte d’Ivoire, les artiste Ivoiriens ne vendent presque plus d’albums. Chacun se débrouille comme il peut pour survivre. Et en plus le BURIDA, la maison des artistes, est revenue à l’ancien fonctionnement, c’est-à-dire n’est plus aux mains des artistes. Portant nous avons mené le combat pour qu’il nous revienne. Aujourd’hui c’est Le Ministre de la Culture qui gère les fonds du BURIDA. Ce qui est sûr, tôt ou tard, les artistes reprendront leur maison.

Lire aussi : Depuis la France, Serge Kassy exprime ses regrets…

Abidjanshow.com : Votre cœur brule ?

Serge KASSY : Non ! C’est un combat et je suis un guerrier qui ne baissera jamais les bras, tant que j’aurai le souffle de vie. C’est un combat que nous avons mené depuis des années avec Valen Guédé. Nous avons eu des avancées jusqu’à ce que dans les années 2000 le Président Laurent GBAGBO signe un décret qui donne le BURIDA aux artistes. C’est à dire le Conseil d’administration était libre de nommer son Directeur Général. L’équipe actuelle a remis tout cela en cause. Le BURIDA est retourné 50 années en arrière.

Abidjanshow.com : A quand votre retour en Côte d’Ivoire pour la promotion de « Loin des Miens » ?

Serge KASSY : ….huuuum…..Tu le sais bien que le jour où je rentrairai en Côte d’Ivoire, c’est que j’ai l’Assurance que le Président Laurent GBAGBO et le Ministre Charles Blé GOUDE sont dans le même avion que moi.

Hayden Tchétchè à Paris
haydentche@abidjanshow.com

Share, , Google Plus, Pinterest,