Festival Ogobagna : entre tradition et modernité (Interview)

La 10 e édition du festival culturel Dogon « OGOBAGNA » aura lieu du 27 Janvier au 02 Février 2025 à Bamako. Véritable porte étendard de la belle diversité et riche culture Dogon , le Festival OGOBAGNA est devenu un évènement incontournable dans le calendrier culturel du Mali.
Le président du Comité d’organisation Professeur Adégné Pierre TOGO était au micro de Mory Touré pour dévoiler les points forts de cette 10e édition
1.Bonjour Monsieur, votre festival est devenu important pour ne pas dire l'abstention dans le territoire culturel et l'attente est grande pour chaque édition. Déjà, donnez-nous les grandes lignes de cette édition. Cette 10e édition?
PR TOGO : Nous avons prévu de faire beaucoup d’activités,Premièrement, nous avons prévu d'agrandir l'espace du foire d’exposition et commerciale .Nous sommes passés de 160 stands à 200 stands. Ensuite, nous avons créé un espace spécifique pour les enfants où nous ferons la transmission de connaissances dans le cadre de la modernité et dans le cadre de la transmission traditionnelle.
L'espace de jeu, l'espace de sport, l'espace de course de pirogue et nous allons faire beaucoup de causerie, de sensibilisation contre la migration irrégulière, sur le mariage traditionnel, sur beaucoup d'autres aspects, sans oublier les conférences qui seront animées par des spécialistes de la question.
2.La thématique tradition et modernité, la santé, la culture, l'environnement et l'architecture au service du développement est transversale. Quel est le besoin de vouloir démontrer que tout cela est la pluralité est vital pour le patrimoine que vous défendez?
PR TOGO : Ce thème porte sur plusieurs domaines, sur plusieurs spécialités transversales.
Nous avons deux notions, le traditionnel et la modernité. Comment faire un dialogue pour prendre dans le moderne ce qui est bon, dans le traditionnel ce qui est bon pour en faire un bon modèle de transmission des connaissances pour les générations futures. Et cette transmission de connaissances va porter sur les différents domaines que nous avons cités, la santé, l'éducation, l'architecture, la culture et tous les autres domaines que nous avons eu à traiter de la première à la neuvième édition.
La meilleure façon de sauver le patrimoine c'est de l'enseigner, de le transmettre, ensuite le protéger et le promouvoir. Nous sommes dans le stade de la transmission des connaissances et de tout ce qui est culturel aux générations futures.
3.Est-ce qu'on peut dire sans se tromper que votre festival est dans une résilience totale? Nous savions que vous avez décidé de délocaliser le festival à Bamako à cause du contexte socio-politique que vit notre pays depuis quelques années?
PR TOGO : Ce festival est parti d'un constat qui est réel. De 2012 à 2014, nous avons constaté vers le nord et le centre que le conflit armé, l'insécurité paralysaient toutes les activités économiques. Il n'y avait plus de foire, l'artisanat était en perte de vitesse, la culture commençait à être totalement détruite.
Comme il n'y avait plus d'activités socio-économiques, la fréquentation des centres de santé, de l'école, tous ces indicateurs étaient en baisse. Nous nous sommes posé la question, mais attendez, nous sommes à Bamako, qu'est-ce qu'on peut faire? D'où est née l'idée du festival? C'est un peu résister à cette agression, résister à cette guerre qui nous a été imposée. Chacun a sa forme de résister et cette résilience, nous avons trouvé une forme.
Créer un festival ici à Bamako, c'est une ouverture de marché pour les artistes et les artisans du centre du nord, un peu partout du Mali. Voici pourquoi nous n'admettons que les produits localement fabriqués, les produits de l'artisanat du Mali et de l'Afrique sur notre site de foire. Ensuite, nous avons dit qu'il faut aussi créer un espace pour les artistes, pour la culture, pour le sport.
Et de ce fait, nous avons dit qu'il faut aussi transmettre cette connaissance culturelle à nos enfants. Donc, ce serait une occasion pour les enfants qui sont nés à Bamako, qui n'ont jamais été dans le pays Mianka ou dans le pays Sarakolé ou au pays Dogon, de découvrir. Et donc, savoir que leurs parents, leurs arrières-grands-parents avaient une façon de vivre et c'était la meilleure façon de vivre.
Ils avaient une méthode de résolution du conflit, c'était la meilleure. Ils avaient une façon de transmettre la connaissance, c'était la meilleure. Les vivre ensemble, c'était notre quotidien et voici ce que nous avons voulu montrer à nos enfants et d'où la naissance de ce festival. Eh bien, c'est une forme de résilience.
4:Cette édition vient a point nommée, l'année est déclarer Année de la culture. Quel peut être l'apport d’un festival comme OGOBAGNA en cette année de culture, tout en sachant que vous êtes d'un bastion potentiellement et culturellement riche ?
PR TOGO : OGO, ça veut dire le roi, BAGNA c'est la calébasse du roi.
Et culturellement, chez nous au pays de DOGON pendant la période d'agriculture, toutes les activités culturelles d'enseignement et de transmission sont arrêtées. Il n'y a que la production agricole qui est faite. Et à la fin de cette production agricole, on va aller cueillir tout ce qu'on a eu comme grains.
Après la récolte, on met les produits de récolte dans une calébasse et on vient remettre cette calébasse au roi. Quand on donne cette calébasse au roi, le roi donne l'autorisation de commencer tout ce qui est comme activités festives, activités culturelles, activités de transmission de connaissances et activités culturelles. Et quand vous avez vu le président de la transition a décrété comme année de la culture, en Dogon, comme son nom l'indique, ce serait l'une des premières activités à être menées pour cette année de culture.
Donc nous allons donner le go de cette année de culture pour les Maliens. Nous invitons tous ceux qui sont de la culture, tous les hommes amoureux de la culture, tous les Maliens, tous ceux qui font la foi et tous ceux qui veulent résister contre cette nouvelle façon de nous dominer, de venir nous aider pendant toute une semaine pour émerveiller Bamako, son environnement et toute l'Afrique. Avec toutes les activités que nous avons citées précédemment.
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