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Abdoul Karim SANGO (activiste Burkinabé) : On ne gère pas un Etat comme une basse-cour

Il est juriste et enseignant de droit public. Mr Abdoul Karim SANGO est très actif sur la plate forme sociale dans son pays la Burkina Faso. Analyste avisé de l actualité sociopolitique de l Afrique, il n a pas dérogé à la règle du franc-parler qui le caractérise, lorsqu il nous a rendu visite à notre rédaction.

Ce nationaliste africain nous a fait partager sa lecture des choses et d autres dont le continent est le théâtre.

Quel est le courant idéologique qui est le votre, au regard de votre forte présence sur l espace sociopolitique, notamment au Burkina Faso, le pays dont vous êtes originaire ?

Je suis d une génération d Africains qui se méfient de tous ces courants idéologiques. Il faut observer les choses avec objectivité pour comprendre que depuis la chute du Berlin, les idéologies ne veulent pas dire grand-chose aujourd hui. Quelle est la différence entre socialiste au pouvoir et libéral au pouvoir ? La différence se situe du point de vue du discours politique. Mais la réalité politique nous oblige à comprendre que nous sommes aujourd hui dans un environnement dominé par le courant libéral. Je ne suis pas libéral.

Aujourd hui, le Français n est parlé que dans nos Etats et en France. Le gouvernement doit comprendre qu il faut reformer le système de sorte qu un enfant, en entrant au CP1, apprenne l Anglais. Il ne faudra pas attendre d être en classe de 6ème, pour le faire. C est tellement choquant que dans le même Etat, vous avez des systèmes qui permettent cela. Donc vous avez des écoles bilingues. La constitution dit que nous sommes égaux en droit. Où est l égalité entre celui qui, dès la base, a le bilinguisme et celui qui ne l a pas ? A la fin du processus, celui qui l a eu a une avance terrible sur l autre.

Le niveau de formation des anciens permet-il de transmettre lorsque l ancien lui-même s exprime à peine correctement en Français ? Je ne dis pas que rien n est fait. Mais ce n est pas réfléchi dans le sens d un Etat stratège.

L actualité est aussi le débat sur le franc CFA. Vous êtes de quel côté des partisans du pour ou contre son existence ?

La question est complexe. Derrière la question du FCFA, se dresse le problème de la souveraineté des états africains. Lorsque vous faites la théorie des relations internationales, on dit qu un Etat souverain doit être capable de battre sa propre monnaie, d assurer sa propre défense. De ce point de vue, je considère que le FCFA ne peut pas être Africain à partir du moment où c est un legs colonial. Je suis favorable à ce que nous nous déconnectons de cette monnaie. A défaut d avoir une monnaie africaine.

Entretien réalisé par 2A (collaboration Joé Midelli)
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