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SERY SYLVAIN, Président du Conseil d Administration du Burida

Séry Sylvain est depuis ce jeudi 15 octobre 2015 le tout nouveau Président du Conseil d Administration du Bureau Ivoirien du Droit d Auteurs (Burida). Son élection met ainsi fin à une longue transition dirigée par le doyen Léonard Groguhet. Dans l entrevue qu il a bien voulu nous accordé, Séry Sylvain retrace son parcours de producteur, parle de ses futurs chantiers -Félicitations pour votre brillante élection. Cependant vous héritez d une Maison qui a habitué l opinion nationale aux palabres. N avez-vous pas d appréhensions en prenant les rênes le jeudi 15 octobre dernier ? Non, je n ai aucune appréhension. C est vrai que la perfection n est pas de ce monde. C est une uvre humaine, mais je pense que je suis un homme d expérience dans le milieu. Quand tu as géré des groupes où il y a des êtres humains qui ont des ego surdimensionnés, je pense que c est formateur. Je suis habitué à ces choses-là. -Comment vous est venue l idée de vous engager dans la course au fauteuil du président du conseil d administration du BURIDA? C est à l issue de beaucoup de frustrations dans le milieu du show-business. Beaucoup de promoteurs de spectacles ont été frustrés quelque part avec le BURIDA. Parce qu il faut harmoniser les redevances, les autorisations pour les spectacles. Il faut arriver à trouver des attentes et non à la tête du client. Ça phagocyte le client et ce qui fait que le spectacle n est plus rentable. Tous ceux qui ont essayé de faire des spectacles en Afrique et particulièrement en Côte d Ivoire, rares sont ceux qui récidivent. Yves de Mbella est une exception qui confirme la règle. Des gens ayant vu Yves réussir un ou deux spectacles, se disent qu il y a des sous à gagner dedans. Quand ils viennent, il se rendre compte que le seuil de rentabilité n est pas intéressant. Allez-y comprendre quelque chose au Palais de la culture. Avant qu il ne soit rénové, il coûtait 3 millions de Francs CFA. Il y a seulement que 2747 places au lieu de 4000. Pour les atteindre, tu es obligé de faire des surcharges. Quand tu calcules 3 millions de Francs CFA par rapport à 2747 places, quand tu fais le ratio tu te rends compte que la salle vide hormis le spectacle te revient à 2000 ou à 3000 Francs CFA. Ça fait que le spectacle n est pas à la portée du consommateur. C est un frein à la promotion du spectacle en Côte d Ivoire. Il faut que les gens comprennent que le BURIDA a son rôle à jouer. C est vrai que le spectacle, avec la dématérialisation du CD qui ne se vend pas, le devient important. Il faut qu on préserve et sauve le spectacle. Il faut qu on permette aux gens d avoir la salle à moindre coût pour qu ils tirent les marrons du feu. Si on laisse faire les choses telles qu elles sont, personne ne va s en sortir. Ça fait partie des frustrations qui m ont guidé à briguer le poste du conseil d administration du BURIDA. Il y a aussi les médias d Etat. Tout ça conjugué, il faut organiser le secteur. Il faut faire en sorte que ce soit viable pour l intérêt de la collectivité. Je me dis que je suis une personne du sérail. Je peux apporter ma contribution pour faire avancer les choses. - Vous ne risquez pas de sortir là des missions du Burida ? Je ne suis pas sorti du cadre des missions du Burida. Voilà quelqu un qui est PCA du BURIDA, son rôle est de recevoir et de repartir. Essayer de rendre le secteur viable. Il n est pas là seulement que de recevoir et repartir. Mais aussi d organiser le secteur. C est-à-dire essayé d attirer l attention des uns et des autres. Pour leur dire : écoutez ! Menez la réflexion pourquoi les spectacles ne sont pas porteurs en Côte d Ivoire ? . Parce que si le spectacle est porteur et si le CD est piraté, les gens peuvent vivre du spectacle. Si on tue la poule aux ufs d or qu on fait en sorte que ceux qui organisent les spectacles ne s en sortent pas, le spectacle ne peut pas être porteur. Au-delà de repartir en tant que autorité du secteur, tu peux interpeller les uns et les autres. Tu deviens crédible. -Vous êtes élu pour quatre ans et quels sont les projets pour les artistes ? Il faut que vous compreniez qu en tant PCA du BURIDA, j ai mes ambitions, j ai mes rêves. Mais comprenez que les gens qui constituent le conseil d administration sont chacun spécialiste dans son secteur. Ils ont eu une onction de la base pour être élu. En tant que manager, je dois chercher à fédérer les énergies. Parce que je ne peux pas plus maîtriser le secteur des peintres plus que leur représentante qui est Annick Assemian. Je ne peux pas plus maîtriser le secteur des écrivains plus que leur représentant. En tant que manager je dois être à l écoute des gens qui constituent le conseil d administration du BURIDA pour fédérer les énergies pour que chacun apporte sa contribution. C est nous qui sommes redevables vis-à-vis de l assemblée générale. C est nous qui allons être applaudis ou blâmés. Si je veux être un bon dirigeant, un bon gestionnaire, je dois pouvoir écouter tous les membres du conseil d administration. Que les gens comprennent que ce n est pas parce que je suis producteur d artistes que je vais privilégier les producteurs. Jamais de la vie, je ne le ferai. Parce que dès l instant que j ai été élu président, je le suis pour toute la filière. Donc, aucune corporation ne sera privilégiée. Même pas les producteurs. Au-là de tout ça, c est l assemblée générale qui donne la feuille de route. On va convoquer très rapidement une assemblée extraordinaire pour asseoir la feuille de route. -Quand on regarde le BURIDA dans sa configuration, il y a des défis qui se dressent comme la piraterie, la copie privée, etc. Ce sont des problèmes qui s imposent à vous ? Ça ne s impose pas à nous. Ça fait partie des choses qui nous ont poussées à ambitionner la présidence du BURIDA. Parce que quand on dit qu une uvre est piratée, c est d abord le producteur qui boit le bouillon. Parce que c est lui qui investit. En tant que producteur, c est mon cheval de bataille. Concrètement, on va se battre pour trouver des solutions à ce fléau. Mais se battre passe aussi par la sensibilisation, parce qu il faut que le consommateur sache son rôle dans cette bagarre. Le consommateur doit lui-même faire le filtre, parce que quand il paye un CD piraté par exemple de Meiway, Alpha Blondy, le groupe Eden, Ismaël Isaac , il vient d arracher le pain de la bouche de celui qu ils aiment pour enrichir le voleur. Si le consommateur décide de ne pas acheter de CD piraté, ils vont arrêter. Il faut qu on fasse une sensibilisation vers ces consommateurs pour leur dire qu ils ont un rôle à jouer. Il faut que l Etat qui a un rôle régalien, prenne ses responsabilités. Que l Etat sache que de la même manière il poursuit les vendeurs de drogue, il essaye de démanteler les fumoirs, de la même manière il poursuit la contrefaçon des pagnes, il a le devoir de protéger la filière. Parce que le BURIDA est une structure d utilité publique. Chacun doit jouer sa partition. Moi en tant que PCA, je dois jouer le rôle d animateur pour faire comprendre. Je dois faire du lobbying. -Faces aux bruits récurrents au BURIDA, le PCA que vous êtes a sûrement un début de solution à défaut d avoir la solution Vous savez tout cela est dû à la paupérisation du secteur. Quand les gens n arrivent pas à manger, à réaliser leur rêve, à produire, chacun regarde dans la caisse du BURIDA. Il faut qu on mette les artistes au travail. Que les fonds qui sont là soient distribués par rapport au mérite. Qu on donne à ceux qui veulent travailler. Je vais essayer de négocier avec le Ministre de la culture et de la francophonie pour lui faire entendre raison et lui dire que les fonds dont il dispose (la parafiscalité) d essayer de l impliquer. Afin de permettre aux gens qui ont donné la preuve, qui sont les grands créateurs soient aidés un peu. Il ne faut pas seulement donner à des gens qui ont la grande gueule. Il faut qu on donne cet argent au plus méritant. Il faut qu on implique les producteurs dans ce fonds qui sont les hommes d affaires. La deuxième chose, les droits que les gens perçoivent, y a pas de lisibilité. Les gens perçoivent de l argent, ils ne savent pas d où ça vient. Il faut que nous essayons d apporter une traçabilité au niveau de ces droits que les gens vont percevoir. Ça permet de déminer les conflits internes. En plus, il y a conflits, parce que quand les gens sont élus, ils coupent avec la base. Ils ne vont pas à l assemblée générale, ils ne n essayent pas de rencontrer la base. Il faut instaurer le dialogue. Il faut créer un journal d information comme à la SACEM pour informer les gens au jour le jour des actions qui se mènent au niveau du conseil d administration. Un journal aussi qui fait de la formation pour déminer les conflits internes. -Désormais PCA, verra-t-on encore Séry Sylvain en train de courir ici et là pour réserver des salles pour ses productions ? Je serai l antithèse de tous les PCA du BURIDA qui se sont succédés jusque là. Je pense qu être PCA, c est un boulot secondaire. Ce n est pas toi qui gère les choses au quotidien. Ce que tu es dès le départ, il faut que tu continues de l être. Ce qui me fait exister, c est être dans les balances, les studios. C est ce qui me fait vivre. Je le ferai tout le temps. -Beaucoup de personnes ne vous connaissent pas. Comment êtes-vous venu dans le milieu du showbiz ? J ai commencé très tôt au lycée dans le showbiz. J ai milité au sein du MEECI et j étais dans les assemblements des jeunes de Marcory. C est dans le cadre de tout ça que j ai commencé à m intéresser aux organisations. Moi-même j ai fait de la musique en jouant à la guitare basse. J ai fait un concours de rap avec Abidjan City Breakers à l époque. Pendant que j étais à l école primaire à Man, j étais le guide des musiciens d Ernesto Djédjé dans la ville. C était mon premier contact avec le show-business. Je l ai fait venir quand j étais au lycée de Bouaflé pour notre bal de fin d année. Après je me suis professionnalisé au métier et j ai organisé un concert avec Kéké Kassiry, Tchino Rems, Jacques Traboulsi. J ai eu maille à partir avec Kéké Kassiry. Paco Rabanne m a fait appel et me dire qu il aime ma fougue. Il m a proposé de travailler avec Kassiry et j ai accepté. Je suis devenu par la suite le manager de Kéké Kassiry. Je suis allé pour la première fois avec en France en 1982. C est là-bas que je me suis frotté aux vrais studios. Je me souviens qu on faisait la promotion de l album sur Paris. Nous sommes allés voir Christophe Dechavanne qui était le mentor de Fulgence Kassy. Nous sommes allés voir également Michel Druicker. Ils ont écouté et ont dit que le son n est pas diffusable. Ils ont demandé de faire des édites. Je ne savais pas ce que c était. Nous sommes retournés en studio pour réduire l intro qui était trop long. J ai travaillé sur les albums Afrika , Abidjan . Après cette aventure, j ai recommencé à être promoteur de spectacles. J ai fait reggae sound flash où j ai fait la connaissance de Tangara Speed Ghoda que j ai produit plus tard. Il y avait reggae roots, Ismaël Isaac et les frères Kéïta, Neddy Jert. -Quel est le premier artiste que vous avez produit ? C est Similor de Treich en 1989. -Il paraît qu il y a une anecdote avec lui Il pensait qu il était le meilleur. Il est là et il se fait appeler désormais Commandant Simi sur le Net. -Qu est-ce qui vous a marqué de toutes vos productions ? C est la production de Tangara Speed Ghoda, parce que c est à cause de l aventure et aussi du travail musical. Chaque album a une valeur affective. J ai pris du plaisir dans chacune de ses réalisations. Je me suis éclaté sur l album de O Nel Mala, le groupe Eden, Maria Adé. -Qu est-ce qui vous fait courir encore quand on a pris tant de plaisir ? Je suis un défenseur d une certaine esthétique musicale. Parce qu avant tout je me fais plaisir. Le premier client de ce que je fais, c est moi-même. Je pensais que j avais une mission d éducation du public. Je pensais qu avec cette mission je pouvais refaire le monde. Je veux faire découvrir mes passions, mes rêves musicaux. J étais dans ma bulle. -Séry Sylvain est toujours bien habillé, bien coiffé Monsieur propre en somme. Est-ce que vous êtes un séducteur ? Je vais vous décevoir, parce que quand je m habille ce n est pas pour faire plaisir à quelqu un. C est pour me faire plaisir à moi-même. Si on trouve que je suis mal habillé, je réponds tout simplement : tu connais quoi ? . Parce que je me considère comme un expert de la mode. Je me considère comme quelqu un qui ne suit pas la mode, mais qui est un modèle. Mon hobby personnel, c est que je me considère comme designer. J adore la mode et je ne m habille pas pour faire plaisir à quelqu un. Pareil dans la musique. Quand vous regardez dans mon parcours, je n ai jamais fait de musique populiste. Si je fais une musique populaire, je la fais à ma façon. -N empêche, vous vous distinguez par votre accoutrement L habit ne fait pas le moine, mais l habit permet de reconnaître le moine. Si quelqu un est bien habillé et l autre mal habillé, ils vont donner asseoir à celui qui est bien mis. -Êtes-vous un homme à femme ? Pourquoi faire ? J aime beaucoup les femmes. Mais je ne suis pas un homme à femme. Parce que je suis un homme fidèle dans mes relations. Quand j aime une femme je suis avec jusqu à la séparation. S il n y a rien, je peux rester avec elle toute ma vie. J aime les femmes et non un homme à femme. -Vous êtes marié ? Oui et père de cinq enfants. [g1_space value="50" mobile_value="50"] [/g1_space] [g1_space value="30" mobile_value="30"] [/g1_space]
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