Mode/ Portrait : Issif Sawadogo, le disciple du maître Pathé’O qui fait des “miracles”

Le jour où il doit quitter son mentor et formateur Pathé'O, après 5 ans d’apprentissage, le “doyen” prend Issif Sawadogo par les épaules et lui dit :
«Je ne sais pas ce que tu comptes faire réellement en partant d’ici. Mais j’ai un conseil à te donner : continue dans la couture. Tu as quelque chose en toi.»
En effet, malgré son certificat de fin de formation au prix de maints efforts, Issif avait l’intention de se lancer dans un autre secteur d’activité.
«Quand je suis allé me coucher le soir, j’ai réfléchi…», confie-t-il à Abidjanshow.com
Ce vendredi 9 août, dans ses ateliers de Yopougon-Ananeraie (route de Dabou, à deux pas de la pharmacie Alicia), le styliste-modéliste se souvient de son épopée. Aujourd'hui, il participe avec fierté à plusieurs événements de mode en Côte d'Ivoire ainsi qu’à l’international dont le Siao (Salon international de l’artisanat de Ouagadougou), le Masa (Marché des arts du spectacle africain d’Abidjan), divers défilés, etc.
Membre d’une fratrie de 16 enfants, Issif Sawadogo a vu le jour le 18 juin 1985 à Safamanoua (département de Sassandra) d’un père couturier et d’une mère ménagère. Après l’école coranique, le père lui cède l’atelier de couture. Issif a 15 ans, à l’époque. Armé de courage, il décide de venir se perfectionner à Abidjan. «Après 7 ans aux côtés d’un de mes frères à Anyama, j’ai voulu avoir plus d’expérience», raconte-t-il, les yeux pétillants.
Avec de la baraka, les portes de l’atelier du grand Pathé’O à Treichville s’ouvrent à lui. Parmi 44 autres apprenants, Issif Sawadogo doit faire ses preuves. «Les deux premiers mois n’étaient pas faciles, j’ai voulu jeter l’éponge. J’habitais au Plateau et je marchais pour aller à Treichville. Puis, les choses ont commencé à aller mieux. Je me suis fait remarquer par mon travail.»
Cinq ans plus tard, le jeune couturier obtient son certificat, avec les honneurs et l’onction du maître. Aujourd'hui, Assirem Couture, la griffe du styliste, se distingue parmi tant d’autres sur la place, grâce à l’inspiration débordante du créateur. Son travail met en avant le tissu africain (lin, indigo). Et l’une des particularités de la maison reste la broderie ainsi que le choix des motifs, qui vont du vif ou plus doux.
Du prêt-à-porter aux tenues sur-mesure, l’accent est mis davantage sur les tenues hommes, quand bien même les dames y trouvent leur goût. “L’élégance, le confort et l’africanité” constituent la fibre principale des créations qui sortent de l’atelier situé dans l’arrière-cour, avec ses finitions distinctives. «Quand je dors parfois, il arrive que je rêve à un modèle. A mon réveil, je fais un petit dessin et je lance», poursuit Issif.
Ce champion du montage et de la broderie a trouvé son chemin très tôt, grâce à la bonne fée qui s’est penchée sur son berceau. Et ce n’est pas Souleymane Diarrassouba, ministre du Commerce, de l'Industrie et de la Promotion des PME qui dira le contraire. Lui qui a été littéralement séduit par le coup de ciseaux du styliste, en arborant l’une de ses tenues lors de la 5e édition du Miva à Abidjan. Ce soir-là, Issif avait eu droit à une standing ovation. Tel maître… tel disciple.
François Yéo
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