Accéder au contenu principal

Maa Bio : Voler pour être vu, la nouvelle tendance ?

«Donc, c’est ça maintenant ? Il faut voler pour qu’on te voit ? C'est aux voleurs qu’on offre des cadeaux ?», s’indigne une internaute, face à ceux qui se disent choqués par le traitement réservé à Maa Bio, reçue en grande pompe sur un plateau télé, gratifiée d’un appartement et d’autres présents. A ceux qui s’interrogent si c’est “le genre d'exemple qu'on veut offrir à notre jeunesse ?”, elle répond, sans cautionner les actes passés de l’influenceuse : «Mais jusqu'à quand elle devra porter cette croix comme une étiquette collée au front ?»

Défenseuse autoproclamée de Maa Bio, cette internaute dénonce une forme de rejet. Sur Facebook, elle plaide pour le droit à une seconde chance. Une opinion qui, vue sous cet angle, se comprend. Mais ce qui l’est moins, c’est le contexte. Et peut-être que la meilleure manière d’aider Maa Bio serait justement de la laisser se défendre, sans parler à sa place, ni se faire l’avocat du diable (sans mauvais jeu de mots). D’ailleurs, elle excelle dans l’art de se justifier sur ses réseaux sociaux.

Le malaise vient d’ailleurs. Ceux qui se plaignent de cette exposition médiatique ne voient pas ce qu’a fait Maa Bio de particulier qui mériterait des récompenses publiques. En effet, quel est le but de l’exposition ? Si des élans de générosité envers elle sont totalement louables, pourquoi ne pas les manifester discrètement ? En Côte d’Ivoire, des personnes tendent la main chaque jour, sans projecteurs, sans publications virales, ni selfies de leurs bonnes actions.

Dans une société où les repères vacillent, où la jeunesse est exposée à toutes formes de tentations (délinquance, "broutage", fake news, corruption ou drogue), il est vital que les adultes agissent avec discernement. Bien sûr, Maa Bio a droit à une nouvelle chance. Mais tous les exemples ne se valent pas, même si l’intention est noble. Le vrai danger réside dans cette confusion entre compassion et caution morale.

Entre Maa Bio et une mère veuve dormant dans la rue avec ses enfants, y a-t-il vraiment comparaison possible ? Ces autres bénéficiaires de la solidarité (plus discrets mais tout aussi méritants) reçoivent de l’aide sans mise en scène. Pourtant, ils en ont tout autant besoin. Ce qui choque, ce n’est pas l’acte de solidarité, c’est la théâtralisation d’un parcours douteux devenu spectacle. Et c’est ainsi que, petit à petit, l’anormal devient la norme. Il devient alors difficile, même pour des adultes dotés de toutes leurs facultés, de faire la part des choses sous couvert d’arguments pervertis. La preuve…

François Yéo

Pin It
185 vues

Aucun commentaire

Laissez votre commentaire

En réponse à Some User
MissCI2025