En Côte d’Ivoire, Christiane Taubira se rend à Kanga Nianzé sur la route des esclaves

Samedi 10 mai 2025, l’ancienne Garde des sceaux et ex-ministre de la Justice française, Christiane Taubira, s’est rendue à Kanga Nianzé. Dans ce village, près de Tiassalé et à une centaine de kilomètres d’Abidjan, se trouve la stèle commémorative aux esclaves, qui rappelle l’histoire sombre de la Côte d'Ivoire à l'époque coloniale.
«Grâce à Madame Christiane Taubira, l'esclavage a été reconnu comme crime contre l'humanité. Voilà, entres autres, ce qu'on a eu grâce à elle», déclare la chorégraphe franco-haïtienne Jenny Mezile, ravie d’avoir contribué à cette visite : «Tout le village fut honoré. Merci à l'ambassade de France et à l’association des Antillais en Côte d’Ivoire. Mes ancêtres sont toujours à mes côtés», ajoute la directrice du festival Afrik Ubanarts.
Christiane Taubira a rappelé dans un discours solennel la triste réalité du régime de la traite négrière et de l’esclavage. Le Code noir spitulait, entre autres, que “les Noirs sont des biens meubles, et en tant que tels, ils rentrent dans la communauté de biens du maître”. «Mais nous sommes là aujourd'hui, parce qu’il y a eu des Marronnes et des Marrons. Nous sommes là, parce que ces personnes n’ont jamais douté de leur propre humanité. Et le dimanche, la nuit, ces femmes pouvaient se permettre un peu de souffler, se mettre à chanter, à utiliser des instruments pour inventer des rythmes qu'aujourd'hui encore nous jouons et sur lesquels nous dansons.
Ils ont assuré leur postérité dans notre présence ici», a-t-elle déclaré devant les autorités coutumières qui lui ont remis un peu plus tôt la clé du village. Christiane s’est réjouie de l’accueil en tant qu’”une sœur, une fille”. «J’ai compris que je suis ici, chez moi. En tout cas, je peux revenir très librement. Peut-être même sans vous prévenir (...). Oui, je suis revenue sur les terres de mes ancêtres et j’ai mes terres de l'autre côté de la mer. Parce que si je renonçais à elles, je rétrécirais notre monde. Je les conserve, car je les apporte en offrande, en plus sur celles de mes ancêtres», ajoute-t-elle.
Grâce à son combat soutenu, l’ancienne ministre française et ex-députée européenne est parvenue à faire reconnaître l’esclavage et la traite des Noirs comme un crime contre l’humanité. En 2006, le 10 mai a été choisi par l’ancien président Jacques Chirac comme la journée nationale de commémoration des mémoires de la traite négrière, de l'esclavage et de leurs abolitions. Samedi dernier, Françoise Remarck, ministre ivoirienne de la Culture et de la Francophonie et l’Ambassade de France ont accompagné l’hôte du jour dans ce village chargé d’histoire.
François Yéo
Aucun commentaire
